Machado dort à Collioure ? Pourquoi cette question ? Oui ! Le grand poète Antonio Machado, exilé suite à la guerre civile espagnole, est en effet enterré à Collioure où il est décédé dans l’hiver glacé de 39. L’hommage chanté à cet homme aussi humble que connu, aussi attaché à ses racines que déraciné, est un concert, ou plus simplement une restitution mise en espace d’un travail d’ateliers, le 9 décembre prochain à 20 h 30 au cinéma Vautier à Elne .
Via le dispositif Quartiers Solidaires Jeunes de la ville d’Elne et de Perpignan, le pari de Didier Verdeille, chanteur, chef de chœur et compositeur, autour notamment de ses propres compositions sur des textes choisis de Machado, est de rassembler amateurs et professionnels sur scène : des jeunes qui n’avaient jamais entendu parler du poète, les choristes de l’ensemble vocal JazzCot de Collioure, d’autres de l’ensemble parisien Q.I., la pianiste Angéline Pondepeyre, ainsi que la danseuse chorégraphe nord catalane Paola Maureso.
Les projecteurs s’allument sur un lit aux barreaux de fer. On ne sait si Antonio dort dans la pension Quintana ou s’il s’endort à jamais. Des enfants, venus du coll dels Belitres, entrent comme autant de lutins dans l’obscurité de cette chambre. Antonio Machado sort de sa torpeur, s’assoit en silence au bord de son lit, et de là, dos au public, dirige un premier chœur : Parábola « c’était un enfant qui rêvait… ». Puis il se tourne lentement face au public en se levant. Alors son lit haut se transforme en bureau, tandis que les enfants s’avancent pour s’asseoir à l’avant-scène. C’est ainsi que le public indiscret pénètre dans le secret de la salle de classe de cet ancien professeur de français passionné par les mots et leurs origines maternelles…
Avec aussi une chanson de Paco Ibañez, Leonard Cohen ou de Jean Ferrat par exemple, ou bien l’hommage catalan de Jordi Pere Cerda « Per la memoria de Antonio Machado »… c’est un spectacle tout public gratuit au cours duquel les drames de l’époque et des lieux, loin d’être éludés « On l’a vu, cheminant entre des fusils » sont traversés par cet homme qui n’a « jamais poursuivi la gloire », tant il avait fini par comprendre que son message dépassait les frontières des temps historiques « Caminante, no hay camino »!